Tourisme équitable
Cette forme de tourisme, qui entraine avec elle chaque année 2.000 voyageurs, permet au visiteur de séjourner au milieu des autochtones tout en sachant qu’une bonne partie de l’argent dépensé pour le voyage, si ce n’est la totalité, servira à la rémunération des personnes locales engagées à immerger le touriste dans sa culture et ses traditions.
De quoi mettre mettre un coup d’arrêt au statut de simple spectateur pendant les vacances et vivre ses émotions aux cotés des habitants locaux, loin des… touristes.
Histoire du tourisme équitable
C’est il y a environ 80 ans que le principe de commerce équitable voit le jour aux États-Unis dans le milieu des années 40. Tout commence en 1946, lorsque Edna Ruth Byler, une nord-américaine protestante, se met à vendre un linge artisanal, confectionné par des petites mains de Puerto Rico, par l’intermédiaire de son église communautaire. Elle enchaine les ventes, cette fois dans le coffre de sa voiture. Plus tard, elle finit par créer sa propre boutique « Ten Thousand villages ». Louant son initiative, des organisations non gouvernementales telles que l’OXFAM, confédération agissant contre les injustices et la pauvreté, appuient le mouvement et collaborent avec les petits producteurs du Sud.
Dans les années 1960, une dimension politique est donnée aux prémicess du concept de commerce équitable lors de la deuxième Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement. Les aides financières sont remplacées par une réelle politique commerciale entre le Nord et le Sud symbolisé par la devise "Trade, not aid" ("Du commerce, pas de l’aide", ndlr.). Ce n’est qu’en 2006, après plusieurs décennies de développement du commerce équitable aux quatre coins du globe que le phénomène s’étend au tourisme.
Le tourisme équitable, c’est quoi ?
Le tourisme équitable est une façon de voyager, tout en assurant à la population d’accueil de profiter d’une part des revenus générés par l’activité touristique et la possibilité d’être totalement impliqué, ou en partie, dans la mise en place des activités touristiques.
En ce sens, le tourisme équitable s’apparente au tourisme solidaire, qui va néanmoins plus loin dans le concept du développement de la communauté locale, et qui a une véritable mission d’aide au développement du pays d’accueil entier.
Faire du tourisme équitable, c’est voyager en petits groupes pour être en étroit contact avec la population et se laisser emporter au vent de moments d’échanges et de rencontres, pour un acquis authentique des cultures et coutumes du pays d’accueil.
Principes clés du tourisme équitable
Un partage équitable des profits
Le tourisme équitable garantie une rémunération juste et équilibrée de la communauté locale et plus particulièrement des personnes qui s’engagent pour participer aux activités de tourisme. Il s’agit en ce sens des guides, des familles hôtes, des chauffeurs, des coordinateurs locaux... Les intermédiaires sont réduits au maximum afin de pouvoir concentrer la juste rémunération des acteurs du tourisme vers l’amélioration des conditions de vie des locaux engagés.
Au cœur des associations équitables, les retombées économiques au profit du pays local varient :
« Il y a 4 à 6% du prix du voyage qui est reversé à des projets de développement, qui sont gérés par les communautés locales et décidés par elles. C’est-à-dire qu’elles sont plus près des besoins des populations. » raconte Caroline Mignon, directrice de l’Association Tourisme Equitable et Solidaire dans Conso Mag.
Chez l’association Double Sens, c’est près de 70% de ce qui est facturé au client final pour son voyage (hors billet d’avion), qui bénéficie directement à l’économie locale du pays d’accueil.
Les activités de ces associations équitables représentent une véritable hymne à la solidarité en faveur des populations hôtes.
La participation des pays d’accueil
Dans le tourisme équitable, les habitants locaux sont impliqués en partie ou même totalement dans la mise en place des activités touristiques.
À la fois partenaires et bénéficiaires, c’est une réelle opportunité pour ces travailleurs autochtones, trop souvent marginalisés, de retrouver leur place au cœur de la société.
« Ils vous remercient d’une manière tellement forte, qu’on se sent tout petit », raconte Evelyne Durant, touriste équitable au Niger, via Ina Voyages.
Le respect des communautés locales et de l’environnement
Il ne s’agit plus de voyager en musardant à l’idée de loger dans des hôtels étoilés, refluant carbone et déchets irrigués aux surfaces du territoire. Désormais, c’est du respect des droits de la communauté et de son territoire qu’il s’agit.
Dans le tourisme équitable, les voyageurs logent dans les maisons d’hôtes des autochtones pour y vivre leurs pratiques quotidiennes et coutumes, en passant par les cours d’artisanat local et en utilisant les moyens de transport traditionnels et ordinaires des locaux, loin des centres touristiques.
Être un voyageur équitable, c’est vivre des moments fort au cœur des habitudes de la population locale et au bruit des chants de reconnaissance de l’environnement.
Les acteurs du tourisme équitable
Dans le monde du tourisme équitable, de nombreuses structures, associations et labels offrent leur concours aux voyageurs pour leur permettre de réaliser un voyage le plus équitable possible.
Structures de tourisme équitable
De nombreux acteurs du tourisme équitable se conforment à la Charte du tourisme équitable, élaborée en 2002 par la Plate-forme du commerce équitable, structure de coordination des organismes de commerce équitable en France. La plateforme s’est ouverte au tourisme équitable depuis 2001 et a depuis accueilli 4 structures de tourisme équitable : Croq’Nature, Djembé, Tourisme et développement solidaire et La route des sens, toutes en démarche d’auto-labellisation.
Labels de tourisme équitable
En matière de tourisme équitable, Fair Trade in Tourism South Africa détient une certification équitable reposant sur des critères et un contrôle rigoureux.
Sur la même voie, l’ATES, ou Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire, détient l’agrément tourisme et est en voie d’obtenir son label.
L’ATES joue un véritable rôle dans le développement et le contrôle de ce nouveau mode de découverte du monde Elle fédère et structure, depuis 2006, les acteurs du tourisme équitable, plus particulièrement, les voyagistes ayant une politique d’aide au développement local des régions d’accueil, dans le cadre d’un partenariat étroit avec les communautés locales.
Où en est-on ?
Le tourisme équitable est un concept récent puisque initié en 2006. Il ne représente aujourd’hui qu’une goutte d’eau dans la masse des échanges touristiques même si son poids tend à se développer dans les pays occidentaux et notamment en France.
Les rendez-vous de l’ATES
Les rendez-vous de l’ATES, à Paris, sont destinés à promouvoir les projets de tourisme équitable et solidaire. C’est une réunion d’information qui s’ouvre aussi bien aux voyagistes désireux de découvrir les actualités du secteur, les enjeux, les expériences de voyages proposées, qu’au grand-public, souhaitant en savoir plus sur le tourisme équitable, mais aussi aux porteurs de projets dans le secteur du tourisme. Un véritable brainstorming afin d’entretenir et de répandre, auprès des moins initiés, les enjeux du tourisme équitable.
Les développements à venir du tourisme équitable
Le tourisme équitable est attendu traverser les âges et toucher davantage de voyagistes, de touristes et de pays d’accueil. Les collaborations entre voyagistes et les différentes fédérations des peuples locaux, associations et groupements d’habitants, s’enchainent. Le tourisme équitable part de zéro ou presque et tout est encore à faire. Par ailleurs, petit à petit, des labels, dont les critères sont déterminés par la profession et agréés par l’Afnor, commencent également à voir le jour et aident à structurer le marché en offrant aux voyageurs une meilleure lisibilité et compréhension des offres touristiques équitables.
Auprès des associations, plusieurs voyagistes regroupés apportent des ambitions nouvelles et des modalités de travail nouvelles, afin d’exploiter au mieux le tourisme équitable. Récemment, l’ATES et l’association Agir pour un Tourisme Responsable (ATR) ont fait le pari de fédérer une dizaine de voyagistes spécialisés dans le tourisme d’aventure et de marche à pied pour initier la création de projets touristiques équitablo-compatibles.
Des partenariats avec les ONG œuvrant dans certains pays du globe sont également mis sur pied : Voyage Développement Solidarité est en France la structure responsable de cette liaison vers l’extérieur. En ce sens, d’éventuels touristes sont pris en charge par l’ONG, suivant des critères spécifiques, et intégrés au sein des populations locales par les volontaires de ces organisations.
Enfin, l’accessibilité tarifaire du tourisme équitable fait de cette nouvelle forme de tourisme un véritable secteur d’avenir :
« Si l’on compare le tourisme équitable à un produit de masse à destination et à catégorie d’hébergement égal, il n’y a pas de différence de prix entre les deux types de tourisme » estime Pascal Languillon, président et fondateur de l’Association française d’écotourisme, dans les colonnes du Monde.